L’insertion professionnelle des diplômés est une préoccupation constante pour les pouvoirs publics ivoiriens qui ne cessent de multiplier les politiques et initiatives afin de résorber ce qu’il est aujourd’hui convenu d’appeler le chômage des diplômés.
La Côte d’Ivoire compte a ce jour 8 universités publiques, 33 universités privées, 35 Grandes Écoles publiques et 428 Grandes Écoles privées qui qui abriteront un total de 600.000 sur la période 2015-2030. Par ailleurs, il a été constaté que le nombre de postes créés et pourvus est largement inférieur au nombre de diplômés cadres (5857 postes pour 39.000 demandeurs entre 2002 et 2013).
Il faut admettre que l’Etat ne reste pas inactif face à cette problématique. Il s’attèle, d’une part, à créer des programmes et projets ainsi que des structures de formation et d’accompagnement des jeunes qui ont achevé leurs études, pour la plupart du Brevet de technicien supérieur (BTS), principalement par le biais de L’Agence Emploi Jeunes (AEJ) qui est la vitrine des initiatives de formation et d’insertion des jeunes.
Il arrive aussi que l’AEJ finance les projets d’auto-emploi des jeunes. D’autre part, il ne cesse d’impliquer le secteur privé pour la formation et l’insertion directe de certains de ces diplômés. Si toutes ces initiatives ont le mérite de rechercher et/ou de créer des opportunités d’insertion immédiate pour les jeunes diplômés, il y a qu’elles ne mettent pas suffisamment l’accent sur la préparation, en amont, de ces diplômés pour le monde du travail.
En d’autres termes, ces interventions ne sont pas de nature à agir sur l’employabilité des diplômés. L’Organisation internationale du Travail (OIT) définit l’employabilité comme « la capacité d’évoluer de façon autonome à l’intérieur du marché du travail, de façon à réaliser, de manière durable, par l’emploi, le potentiel qu’on a en soi » Autant elle est fondée sur les « connaissances, les qualifications et les comportements qu’on a, de la façon dont on s’en sert et dont on les présente à l’employeur », autant elle se réalise dans la durée.
Agir sur l’employabilité, en amont, et sur l’emploi, en aval, si on veut espérer atteindre des résultats probants
Or, les programmes d’insertion par la formation comme la Formation qualifiante complémentaire (FQC) élaborée pour aider les Bac +2, 3, 4 ou 5 à acquérir les compétences professionnelles, outre qu’elle n’est offerte que pour certaines filières techniques, est une formation de « très courte durée» qui ne permet pas aux auditeurs d’acquérir ces compétences en 3 mois, même en 6 mois, bien que la formation soit complétée par un stage d’immersion.
C’est pourquoi il faut, à la base, privilégier les centres de carrière en vue d’outiller, en amont, l’étudiant de première année de certaines compétences en diversifiant ses expériences à travers des activités et des programmes.
Il est, certes, vrai que l’emploi des diplômés dépend de plusieurs facteurs dont le dynamisme interne de l’économie nationale, mais une excellente préparation au monde du travail depuis l’université ou la Grande École constituera un atout indéniable qui peut faire toute la différence.
Eu égard à ce qui précède, il est judicieux d’agir sur les deux leviers, c’est- à- dire sur l’employabilité, en amont, et sur l’emploi, en aval, si on veut espérer atteindre des résultats probants.
Par Dr Oussou Kouamé Rémi