La propagation de la variole du singe, entre autres, a projeté le ministre de la santé sous les feux des projecteurs. En effet, depuis le début de l’épidémie du mpox (variole du singe), la Côte d’Ivoire a enregistré, à ce jour, 32 cas et un décès, dans le district d’Abidjan et 14 autres de l’intérieur du pays.
Eu égard à la gravité de la situation, il est apparu urgent pour le ministre de la santé de faire des apparitions publiques, soit pour faire le point sur la progression de la maladie, soit pour rassurer les populations sur les dispositions sanitaires prises par l’État. Mais, qui est Pierre N’gou Dimba?
Diplômé d’ingénieur génie civil de la fameuse ex‐École nationale supérieure des travaux publics (ENSTP), à Yamoussoukro, après l’obtention d’un Bac C au lycée moderne d’Agboville, Pierre N’gou Dimba a été nommé ministre de la santé, de l’hygiène publique et de la Couverture maladie universelle, depuis le 06 avril 2021.
Alors, comment ce pur produit des travaux publics issu de la célèbre école de production d’ingénieurs civils s’est-il retrouvé à la tête d’un département ministériel dédié à la santé? Comment expliquer cette particularité? Dans le fond, de tels cas ne relèvent pas de l’incongruité, dans la mesure où on sait que les postes ministériels sont amovibles.
Les ministres changent allègrement de poste. Tel est ministre des Eaux et Forêts aujourd’hui qui devient ministre de l’Éducation nationale ou de la Jeunesse demain. Généralement, le ministre a une « mission politique d’impulsion et de mise en œuvre de la politique gouvernementale ».
A ce titre, il n’est pas obligé de posséder toutes les compétences techniques liées à sa charge pour exercer ses fonctions, puisqu’il est entouré d’un cabinet composé de purs techniciens. Tout de même! Des domaines de compétences voisins ou connexes facilitent le travail du ministre, mais avec des champs d’expertise si éloignés les uns des autres, comme dans le cas du ministre de la Santé, on est tenté de se demander comment le nouveau ministre va se montrer à la hauteur de ses responsabilités.
Pierre Dimba, l’ingénieur, est en train de réussir sa mission en tant que ministre de la santé
Et pourtant, après un peu plus de trois (3) ans, à force de détermination, de travail, de rigueur, d’organisation et de résistance au stress, le ministre Pierre Dimba est en passe de réussir ce pari, de passer d’ingénieur à ministre de la Santé.
Il est, pourtant, plus qu’essentiel de souligner que Pierre Dimba a complété son cursus de base avec des formations en management et gestion de projets; ce qui lui valu, d’ailleurs, d’occuper diverses et importantes responsabilités au Bureau national d’études techniques et de développement (BNETD), globalement de 1991 à 2017, avant d’être nommé au poste directeur général de l’agence de gestion des routes (AGEROUTE), le 1er avril 2017.
Bien entendu, au cours de sa carrière, il a dû développer et/ou affiner une palette de compétences dites humaines (Soft Skills), à l’exemple de l’esprit de curiosité et la volonté en continu, la créativité et l’ouverture d’esprit, une communication efficace, la résolution de problèmes, l’amour des défis, le leadership, l’empathie, entre autres, qui lui permettent d’avoir du répondant face à ses nouvelles charges.
En clair, Pierre Dimba, l’ingénieur, est en train de réussir sa mission en tant que ministre de la santé; et même si cette « reconversion forcée » aurait pu faire douter, au premier abord, de sa capacité à réussir ce « grand écart », il apparaît de plus en plus évident que grâce à sa solide expérience professionnelle, combinée à certaines qualités comportementales et humaines dont il est équipées et qu’il déploie dans ses nouvelles fonctions, il est en bonne voie de relever cet immense défi; une autre manière de dire que le Président Alassane Ouattara a eu pleinement raison de lui faire confiance.
Par Oussou Kouamé Rémi
Enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara-Bouaké
Expert Analyste socio-politique et économique
Délégué de Zone 1, Département politique Bouaflé-Pakouabo