Au moment où la Commission électorale indépendante (CEI), l’organe en charge des élections en Côte d’Ivoire, est en passe d’achever l’installation des Commissions électorales locales (CEL) (22 juillet-02 août), en vue de favoriser la prochaine révision de la liste électorale et faciliter, in fine, une participation massive et inclusive des populations à la prochaine présidentielle, l’opposition ne cesse de la fustiger pour cette approche.
Même si « …en application de la loi portant composition, organisation, attributions et fonctionnement de la Commission électorale indépendante », cette institution peut décider de mettre en place « …des Commissions électorales locales et à l’élection des membres de leurs bureaux respectifs, à l’échelon régional, départemental, sous-préfectoral et communal, sur toute l’étendue du territoire national « , il n’en fallut pas plus pour déclencher les invectives de l’opposition qui voit dans cette opération de déploiement, un subterfuge du parti au pouvoir, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) de contrôler la présidentielle à venir et d’y avoir la mainmise.
Si cette inquiétude de l’opposition n’est pas nécessairement fondée, car en le faisant la CEI se rapproche un peu plus de la population, il faut admettre que les élections présidentielles en Afrique sont toujours sources de tensions et d’angoisse. Contrairement à ce qui se passe sous d’autres contrées où les élections générales se déroulent comme sur des roulettes, les périodes des élections à la magistrature suprême, dans plusieurs pays africains, sont toujours émaillées de violence.
À part quelques cas isolés où ces échéances se ont déroulées presque sans accrocs, dans la plupart des cas, les périodes électorales presidentielles, notamment, sont toujours le lieu de règlement de comptes politiques, ce qui, du reste, engendre des pertes en vies humaines, surtout lorsque l’opposition s’estime victime d’une spoliation de la victoire.
Ce qui est curieux, d’autre part, c’est que lorsqu’elle remporte cette élection, comme au Sénégal ou au Benin, c’est la preuve qu’elle n’est entachée d’aucune irrégularité et qu’elle a été libre, ouverte et transparente. Une telle posture de l’opposition ne manque pas de susciter une interrogation: les opposants seraient-ils de mauvais perdants ? La question reste posée.
Dans tous les cas, il appartient à la CEI de faire son travail en toute rigueur et transparence, par acquit de conscience.
Oussou Kouamé Rémi
Enseignant-chercheur à l’Université Alassane Ouattara-Bouaké
Département d’anthropologie et sociologie
Expert Analyste socio-politique et économique