La passe d’arme actuelle entre les autorités du Niger et celles de la Côte d’Ivoire, relance la guéguerre pays de l’AES et la Côte d’Ivoire. Faut-il le rappeler, les relations entre la Côte d’Ivoire et le Niger sont tendues depuis le coup d’État qui a eu raison du pouvoir Mohamed Bazoum.
Dans une récente interview, le chef de la transition nigérienne, le général Abdourahamane Tiani a porté des accusations gravissimes à l’encontre du Nigéria, de la Côte d’Ivoire et du Bénin. En effet le général nigérien accuse les pays susmentionnés de participer à des activités visant à déstabiliser son pays.
Face à l’extrême gravité de ces accusations, l’armée ivoirienne a publié un communiqué pour réfuter ces allégations. Le chef de l’Etat-major de l’armée ivoirienne, invite les militaires nigériens à se concentrer sur leurs objectifs sécuritaires internes qui « malheureusement sont loin d’être atteints ».
Ces « échanges d’amabilités » remet au goût du jour la litanie d’accusations portée à l’endroit de la Côte d’Ivoire par les pays membres de l’AES. Ainsi, après le Mali, le Burkina Faso, c’est au tour du Niger de rentrer dans la danse. Cette nouvelle interpellation de notre pays dans une histoire de déstabilisation d’un pays de la sous-région, conduit à se poser des questions :
– Pourquoi le nom de la Côte d’Ivoire revient-il de façon récurrente dans les tentatives de déstabilisation des pays de l’AES?
– La Côte d’Ivoire est-elle le souffre-douleur et l’exutoire des pays membres de l’AES dans leur incapacité, à trouver des réponses aux préoccupations existentielles de leurs populations comme l’affirment certains analystes ivoiriens ?
– Le pays ne prête-t-il pas le flanc à toutes ces accusations ?
– Pourquoi de tous les pays d’Afrique de l’Ouest ni le Ghana, ni le Togo ou encore moins le Libéria ne sont indexés dans ces accusations de déstabilisation ?
Pour mémoire, alors que le Mali subissait des attaques tous azimuts des terroristes et autres djihadistes, et qu’il vivait dans une précarité sécuritaire, 49 militaires ivoiriens s’y étaient retrouvés pour une mission au contour flou, dont on ne connait pas jusqu’aujourd’hui les tenants et les aboutissants. Considérés comme des mercenaires par les autorités militaires, ils furent arrêtés et incarcérés.
– Quelle était leur mission au Mali ?
– A quel organisme de l’Onu appartenaient-ils ?
Ce, d’autant plus que la mission de l’Onu au Mali, la Minusma ne les reconnaît pas comme faisant partie d’un contingent de ses forces.
Certes dans une interview à TV5Monde, le Secrétaire Général de l’Onu, Antonio Guterres avait affirmé que les ivoiriens n’étaient pas des mercenaires.
Mais à l’observation, on remarquera que la question orientée du journaliste Marc Pereleman « …est-ce que pour vous ce sont des mercenaires ?… », ne laissait aucune marge à Guterres que de répondre par le politiquement correct. Mais s’ils ne sont pas des mercenaires comme l’affirme le Secrétaire Général de l’Onu, celui-ci n’a non plus dit qui ils étaient, la mission qui leur est assignée, encore moins dans quel cadre légal, ces militaires se sont retrouvés au Mali avec armes et bagages.
Depuis cet incident, la méfiance est de mise du côté malien quant aux relations avec la Côte d’Ivoire. On se rappelle également, qu’après que le général Tiani et l’armée nigérienne ont conduit le pouvoir Bazoum à être conjugué au passé, une transe hystérique s’était emparée des dirigeants de la Cedeao et particulièrement le chef de l’Etat ivoirien, pour aller « casser » du nigérien et remettre Bazoum au pouvoir.
Les accusations des dirigeants nigériens sont-elles fondées ?
La Côte d’Ivoire était très active dans l’application des sanctions à l’encontre du Niger, là où une liesse populaire à Niamey saluait la chute de Bazoum, et acclamait les auteurs du coup d’état. Aussi, des Nigériens comprennent-t-il difficilement que la Côte d’Ivoire s’évertue à toujours faire comme « l’étranger qui pleure plus fort que la famille du défunt ».
Bien plus, elle était l’un des premiers pays à mettre en alerte un contingent pour l’intervention au Niger sous le couvert de la Cedeao. Pendant ce temps, 2000 hommes prédisposés par la France au 43ème Bima, la base militaire de ce pays en Côte d’Ivoire, attendaient le coup d’envoi de la Cedeao pour fondre sur le Niger selon un responsable français à l’Assemblée nationale (française).
Tous ces faits mis bout à bout, donnent de la Côte d’Ivoire, l’image du « cheval de Troie » de la France pour régler ses différents avec les états de l’Aes. Ensuite la proximité des autorités ivoiriennes avec les positions de la France est certainement à l’origine, de la suspicion qu’éprouvent les dirigeants nigériens, et par-delà les dirigeants de l’Aes, à leur égard.
Pour autant, les accusations des dirigeants nigériens sont-elles fondées ? Peut-on y croire ? Difficile de répondre par l’affirmative, tout comme il serait difficile de répondre par la négative. De ce fait, je ne donnerai pas ma main pour chercher un serpent dans le buisson ! Ainsi va l’Afrique. Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.