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Révision de la liste électorale: Comment Tidjane Thiam a déstabilisé le régime, la banalisation inquiétante de l'échec de l'opération

CAFÉ CHAUD

Révision de la liste électorale: Comment Tidjane Thiam a déstabilisé le régime, la banalisation inquiétante de l’échec de l’opération (Contribution) 

La récente déclaration gouvernementale du 20 novembre 2024, délivrée par le ministre Amadou Coulibaly, porte-parole du gouvernement ivoirien, concernant l’inscription sur les listes électorales, soulève de sérieuses inquiétudes quant à l’engagement réel du gouvernement envers un processus électoral véritablement inclusif. Cette déclaration intervient dans un contexte politique particulièrement sensible où la question de la représentativité électorale est au cœur du débat national. Nous élevons quelques critiques et proposons des pistes de solutions dans les lignes qui suivent.

La déclaration du ministre Amadou Coulibaly selon laquelle « ce n’est pas la première fois que nous n’atteignons pas les objectifs que la Commission électorale se fixe », traduit une légèreté déconcertante. Cette normalisation de l’échec face à un enjeu aussi crucial que la représentativité électorale est alarmante. Dans un pays de près de 30 millions d’habitants, comment justifier une telle résignation devant une liste électorale manifestement incomplète? Cette attitude révèle un profond désintérêt pour la qualité démocratique du processus électoral. 

En comparaison, des pays comme le Sénégal et le Ghana ont institué des mesures proactives, telles que des campagnes nationales de sensibilisation et des centres mobiles d’inscription pour couvrir les zones rurales et urbaines. Ces exemples montrent qu’il est possible d’aller au-delà des obstacles administratifs pour garantir une participation inclusive. 

L’opposition face à un gouvernement déstabilisé

En évoquant l’engouement pour l’enrôlement sur la liste électorale impulsé par les acteurs politiques de l’opposition, le gouvernement cache mal son manque de sérénité. L’apparente quiétude dont elle bénéficie habituellement a été brutalement perturbée par l’émergence d’une nouvelle dynamique politique. Alors que le pouvoir semblait s’accommoder d’une classe politique traditionnellement passive face à une liste électorale tronquée, l’arrivée de Tidjane Thiam à la tête du PDCI-RDA a changé la donne. 

Sa mobilisation intensive sur le terrain pour l’inscription de près de 4 millions d’électeurs manquants a visiblement déstabilisé un gouvernement habitué à gérer une opposition résignée. Le ministre évoque une « maturité» des acteurs politiques, mais peine à masquer son inconfort face à cette mobilisation citoyenne sans précédent. 

Bien que les actions du leader du PDCI-RDA, notamment les campagnes de sensibilisation dans les zones rurales et urbaines, ont révélé l’ampleur des déficits d’inscription et l’urgence d’une réforme profonde du système, le gouvernement s’évertue à démontrer que sa demande d’ouvrir la liste électorale au maximum d’Ivoiriens est excessive. D’où le cynisme de banaliser un échec des pouvoirs publics à la télévision nationale.

Des solutions concrètes face à l’inertie gouvernementale

Face aux défis, le ministre se contente d’affirmer dans sa déclaration de presse que «le problème est certainement ailleurs », proposant comme unique solution «d’encourager davantage nos jeunes à s’inscrire». Cette approche simpliste ignore des solutions concrètes et réalisables. Puisque le gouvernement et la CEI ne les voient pas, nous les invitons en toute modestie, à considérer les actions suivantes.

Pour les zones urbaines

La mise en place d’horaires élargis jusqu’à 21h et d’équipes en rotation permettrait une meilleure accessibilité pour les travailleurs. Des centres d’inscription dans les marchés et près des gares routières faciliteraient la participation des commerçants et des voyageurs. L’installation de bureaux mobiles dans les zones de forte affluence et l’utilisation de technologies modernes pour accélérer le processus d’enregistrement sont également essentielles.

Pour les zones rurales

L’adaptation aux rythmes agricoles, aux jours de marché et aux pratiques locales est cruciale. Des équipes mobiles, collaborant avec les chefs traditionnels et les sous-préfets, pourraient sillonner les 111 préfectures et 509 sous-préfectures selon un calendrier consensuel et optimal. L’exemple de Raviart et Molonoublé illustre parfaitement cette approche : une même équipe peut couvrir efficacement ces deux localités distantes de seulement 11 km en s’adaptant à leurs jours de marché respectifs (vendredi à Raviart, mercredi à Molonoublé). 

Cette méthode, appliquée à l’échelle nationale, permettrait d’optimiser significativement le processus d’inscription. 

Pour une optimisation innovante des ressources

Ces exemples concrets montrent qu’une meilleure connaissance du terrain peut générer des solutions endogènes efficaces. La CEI doit repenser sa stratégie de déploiement en privilégiant la mobilité et l’efficacité plutôt qu’une présence statique dans des centres sous-utilisés. Une collaboration renforcée avec les autorités locales et les partis politiques permettrait une meilleure identification des zones prioritaires et une utilisation plus judicieuse des ressources disponibles. 

En ce XXIe siècle et avec toutes les ressources dont dispose la CEI, il est aussi possible de suivre les recommandations des normes internationales, telles que les directives de la Charte Africaine de la Démocratie, des Élections et de la Gouvernance (CADEG), qui encouragent l’usage de technologies d’enrôlement pour minimiser la fraude et garantir un processus équitable.

Le faux prétexte du calendrier

L’argument des «délais constitutionnels» brandi par le gouvernement apparaît comme une échappatoire grossière. Comment peut-on sérieusement invoquer une contrainte de temps alors que la date de l’élection présidentielle (dernier samedi d’octobre) est fixe et connue de tous ? Cette rigidité temporelle masque mal la réticence du gouvernement à faciliter une participation électorale massive.

Le droit international est pourtant sans ambiguïté. Le Comité des Droits de l’Homme des Nations Unies, en son Observation Générale N°25, paragraphe 11, est clair : «(L)es États doivent prendre des mesures efficaces pour faire en sorte que toutes les personnes qui remplissent les conditions pour être électeurs aient la possibilité d’exercer ce droit. Quand l’inscription des électeurs est nécessaire, elle devrait être facilitée et il ne devrait pas y avoir d’obstacle déraisonnable à l’inscription (…). 

Des campagnes d’éducation et d’inscription des électeurs sont nécessaires pour garantir l’exercice effectif des droits prévus à l’article 25 par une communauté avertie.» Qu’est-ce qui retient donc le gouvernement de s’appuyer sur ces textes et de poser des actions visant à offrir un scrutin véritablement ouvert, si ce n’est la peur de perdre le contrôle sur des élections transparentes ? 

Dans de nombreux pays démocratiques, l’inscription sur la liste électorale est ouverte toute l’année. Le calendrier n’est manifestement qu’un prétexte pour maintenir une liste électorale tronquée.

Conclusion

La position du gouvernement révèle une réticence troublante à garantir une représentation électorale complète. Face à une mobilisation citoyenne croissante, le pouvoir ne peut plus se contenter de justifications superficielles. 

L’heure est à l’action concrète pour une démocratie véritablement inclusive. Le succès du processus électoral dépend de la volonté politique de mettre en œuvre des solutions pragmatiques et efficaces.

Parfait Kouacou, PhD., Membre de l’Institut de Recherche de la Diaspora Ivoirienne

Gérard Ncho, Tous en Action pour Tidjane Thiam (TACT-Amérique du Nord)Etats-Unis d’Amérique

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